Vie en couple ou solitude

 

Partnership 400

"Si vous désirez gloire et fortune,
Dieu vous les donnera, mais vous ne serez pas satisfaits.
Le royaume de la conscience est une unité,      
et tant que vous ne l'expérimenterez pas dans sa totalité,
vous ne serez jamais satisfaits.
Dieu vous accorde un tout petit peu de sa joie de temps à autre,
car sans cette insatisfaction, vous ne progresserez pas.
Vous, enfant de l'immortalité,
ne parvenez pas à vous sentir chez vous dans le royaume de la mort.
Mais Dieu ne vous permettra pas non plus de demeurer ici-bas.
Souvenez-vous que le chagrin dont vous faites l'expérience
est le commencement d'un éveil dans la conscience."

(Shri Anandamayi Ma)

Avec un peu de réflexion et d'imagination, nous pouvons remplacer la première phrase de cette citation de Shri Anandamayi Ma par des milliers d'autres exemples.
Donc, pour notre contemplation, nous remplacerons "gloire et fortune" par "vie en couple ou solitude".

LE DESIR
Le désir, l'aspiration à être avec un/e partenaire, font-ils partie intégrante de notre système ?  Oui, probablement,  si nous posons la question à partir d'un angle biologique : nous avons besoin d'un partenaire pour la procréation. Nul besoin d'observer très profondément, pour remarquer de toute l'existence aspire à son composant complémentaire pour mettre au monde. Quand nous prenons le temps de regarder autour de nous avec un regard vide, l'œil d'un enfant qui est empli d'étonnement et d'émerveillement, nous avons naturellement l'intuition d'une grande intelligence. Soyez simplement témoins de tout ce qui apparaît et disparaît dans toutes les saisons, sous tous les climats. Ne va-t-elle pas bien au-delà de notre compréhension, cette splendeur des formes ?

Tout se nourrit de lui-même dans un cycle infini de rythme et de rime, un poème unique. Tout est marié à tout. Une seule grande famille paraît exister, qui porte le même nom de famille : la famille de Dieu. Nous pouvons appeler les membres de cette famille par beaucoup de noms, Dieu est UN, la conscience est UNE, peu importe combien de noms nous avons inventé pour l'apparence de toutes ces images différentes. Quand nous nous identifions avec un membre particulier de cette famille Une, quand nous saisissons une idée isolée, quand nous créons une notion de séparation, ne créons-nous pas instantanément le chagrin de "manque" de quelque chose ou de quelqu'un ? Est-il jamais possible de trouver le tout dans une partie ? Nous avons un concept précis de l’union idéale avec un/e bien-aimé/e...
Une fois que nous serons ensemble, nous vivrons heureux et serons toujours en couple ou en famille... nous aimons la vie privée, la vie en famille. Ou alors, nous nourrissons le concept que nous devrions nous tenir hors de toute relation intime, nous apprécions beaucoup notre indépendance, nous aimons la liberté... Il n'est pas possible d'être totalement en paix si nous établissons quelque distinction que ce soit. Sans doute connaîtrons-nous des crises émotionnelles et des discussions sans fin pour tenter de faire coïncider nos concepts de paix, de synchronicité et d’accomplissement.

ShantiMayi a déclaré une fois dans un entretien (en posant Sa main devant Ses yeux) : "c'est Dieu qui prétend qu'Il ne voit pas".
Ce qui n'est pas vu, c'est que le mariage ultime, cette unicité, cette histoire d'amour ultime et intime, est ici en ce moment même. L'amour, c'est l'amour, c'est inconditionnel, inclusif et divorcer n'est pas possible. N'est-ce pas l'aspiration qui fait perdurer Dieu ? Reposer dans les bras du Bien-Aimé comme UN et se dissoudre en CELA, n'est-ce pas la véritable aspiration ? "Chez soi" pour toujours, un mariage éternel. Oh, Bien-Aimé......

JE SUIS LA !
“C'est Dieu qui prétend qu'Il ne voit pas". Cela ressemble au jeu de "cache-cache" des enfants. Cela provoque sans aucun doute l'idée d'un jeu. C'est un jeu dans la conscience, où le fait de "cacher" produit la dynamique de "chercher". L'idée de "l'autre" est née du jeu, pour l'amour de Dieu. La pensée du "nous" est née et "nous" oublions Dieu et la main, et pensons que nous voyons parce que nous ne sommes pas aveugles. Un saut pour passer de l'œil unique au deux yeux du corps physique, qui ne peuvent voir que la diversité des formes et établir des distinctions. C'est un tournant à 180 degrés. C'est une position parfaite pour l'idée d'un jeu de cache-cache qui va durer.

Cela me rappelle un événement, qui eut lieu avec l'une de mes filles lorsqu’elle était très jeune. Elle se tenait en face de moi avec ses deux mains sur ses yeux et répétait : "je suis partie." Je commençais alors à regarder partout et à l'appeler  :  "Sacha, où es-tu ?" Je regardais dans les plantes, sous le tapis, je cherchais dans tous les coins de la pièce. Je regardais même dans sa bouche. Elle pouffait de rire, aimant que je la cherche. Quand je faisais mine d'être désespérée, je l'appelais bien fort : "oh Dieu, je ne peux pas te trouver !"
Elle dévoilait alors son visage et disait : "je suis LA !"

LE MECONTENTEMENT DIVIN
Si nous transformons maintenant cette petite anecdote en notre manière "adulte" de jouer le jeu, n'est-ce pas dans une vie de couple, ou à l'opposé, dans la solitude, que nous cherchons le plus, que nous désirons le plus, que nous manquons le plus ? Nos romans, chansons, films, tout le drame de l'attirance et de la répulsion, cela se résume à des paroles célèbres dans le monde entier, et qui disent, pour l'essentiel : "Babe, I need your love" (Chéri/e, j'ai besoin de ton amour'). Je me souviens des paroles de la chanson qui m'a fait le plus sourire : "I can’t get no satisfaction and I tried and I tried..." (je ne peux obtenir aucune satisfaction et j'ai essayé et essayé...). Ceci est la partie chanceuse intégrée du jeu de la conscience. Nous ne nous sentirons jamais vraiment chez nous, aussi longtemps que nous regarderons avec les yeux de la distinction. La lune de miel peut être merveilleuse, le dîner aux chandelles si romantique, la sexualité si passionnée, et le fait de rejeter ou éviter les relations si sécurisant. Même notre alliance intense avec le chat ou le chien peut sembler être une compagnie tout à fait loyale. Nous avons été créés pour le bonheur et la souffrance, la thérapie, le divorce et le sentiment de solitude. Même une nouvelle voiture et une plus grande maison ne peuvent nous combler. C'est appelé le "mécontentement divin" ; voilà ce qui nous pousse à continuer à chercher, à progresser.

"Vous, enfants de l'immortalité,<br/ne parvenez pas à vous sentir chez vous dans le royaume de la mort,
Et Dieu ne vous permettra pas d'y demeurer."

Par la grâce, nous nous épuisons.
Par la grâce, nous renonçons à condamner "l'autre" et les circonstances.
Par la grâce, nous comprenons la notion de tourner en rond et de répéter à l'infini le même drame, indéfiniment.
Par la grâce, nous voulons vraiment nous en défaire et lâcher prise...
C'est ici qu'est le tournant, le retour, le moment décisif du voyage. De quoi voulons-nous nous défaire et de quoi lâcher prise ?

"Souvenez-vous que le chagrin dont vous faites l'expérience
est le commencement d'un éveil dans la conscience."

Il existe une expression pour le chagrin que nous expérimentons : "un cœur brisé". Quand nous y regardons d'un peu plus près, est-ce vraiment le cœur qui se brise ? Pourquoi cela en a-t-il certainement l'air ? Parce que la vie évolue naturellement, et que, maintes et maintes fois, nous sommes invités à abandonner nos concepts (souvent hérités). Les concepts aux noms "d'amour" et "d'amitié", les concepts aux noms de "moi" et du "mien", des concepts qui nous disent comment réussir et ce que c’est que d’être nuls, des concepts qui impliquent des notions figées. Les concepts sont arrachés de nos pensées, les limitations sont enlevées. Cela ressemble au fait de dire au-revoir à un monde connu, à "comment cela aurait pu être", "comment cela devrait être, si seulement"... notre cœur est "brisé", nous avons perdu le contrôle... Ces concepts peuvent avoir semblé servir et ont pu nous sembler sécurisants à des moments précis. En fait, les concepts sont des idées fixes qui nous empêchent d'écouter la voix de notre cœur, nous empêchent de vivre selon les saisons de la vie telles qu'elles apparaissent, vivre dans un "lâcher prise", de façon neuve, fraîche et ouverte, dans l'instant. C'est précisément dans ces moments, où nous prenons conscience que contrôler est une erreur, qu'une autre voix peut se faire entendre, d'abord comme un murmure : c'est la voix de Dieu, ou de la conscience.

Oui, l'ensemble de la conscience est un appel permanent à l’Eveil et nous commençons à entendre cet appel de plus en plus clairement après le tournant décisif. Nous nous sentons attirés par notre Véritable Amour, notre Véritable "chez nous".

"La controverse fait partie du chemin
mais en fait, chacun habite sa propre demeure.
La même voie n'est pas faite pour chacun.
Même à l'intérieur d'une famille, chaque enfant a différentes inclinaisons.
Les chercheurs spirituels sont chacun moulés de façon unique,
Mais chacun devra passer par le portail de la vérité."
(Shri Anandamayi Ma)

OH BIEN-AIME, OU ES-TU ?
La question "Qui suis-je vraiment" surgira inévitablement. Nous serons alors prêts à rencontrer notre Maître, notre Guru. Par la grâce, nous Le/La rencontrerons.

L'amour du Maître est inconditionnel et illimité par nature : c'est lui qui nous encourage à retirer, lentement et avec douceur, nos mains du devant de nos yeux.

Wedding hands

Un couple a demandé une bénédiction à Guruji ShantiMayi pour son mariage.
La date et le lieu ont été fixés, un site sacré sur les bords de la rivière du Gange, lieu merveilleux et romantique. De nombreuses personnes ont contribué à rendre ce site encore plus merveilleux. De la soie aux couleurs vives avait été étendue, une multitude de fleurs décoraient la scène. Un mandala énorme, créé avec des formes toutes différentes et des haricots colorés avaient complété les préparatifs, pour la cérémonie de la bénédiction. Toute l'atmosphère était empreinte d'amour et d'attention. Vêtue d'un sari blanc, ShantiMayi paraissait plus radieuse que jamais. Nous étions tous d'une humeur parfaite, semblable au rêve.

Au moment de la bénédiction à proprement parler, nous avons formé un cercle autour du mandala. La mariée et le marié se tenaient debout aux côtés de ShantiMayi. Puis ShantiMayi s'est tournée vers le couple et a dit :

“Je ne peux pas vous marier. Je peux seulement vous marier à Dieu.
Je souhaite qu'elle trouve Dieu en lui et qu'il trouve Dieu en elle”.

Nous avons tous saisi un morceau du drap qui se trouvait sous le mandala, l'avons replié vers le centre, ce qui revenait à détruire sa forme, en chantant le mantra : Om purnamadah purnamidam... le souvenir immense et profond que tout va bien et que tout a toujours été bien ; que tout est parfait tel qu'il est, que seule la perfection émane de la perfection... Nous sommes Une grande famille dans la Perfection. Il n'y a nul endroit où se cacher, rien à chercher, rien qui paraisse advenir et quoi qui paraisse passer.

"La vacuité vole sur les ailes de la perfection.
Tu es Perfection,
Vacuité amie."

(ShantiMayi)

“Oh Bien-Aimé, où es-tu ?”
 “Je suis LA !”

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