Notre centre de retraite égyptien Cette année, nous nous sommes rendus pour la cinquième fois au Sahara occidental, en Egypte. Notre endroit préféré, pour y résider durant notre retraite d’hiver est en compagnie des Bédouins, dans le « Village des Bédouins », un lieu merveilleux, avec des petites maisons confortables en forme de stupa, un grand « hall de Satsangh » en forme de stupa et une grande tente bédouine, le tout donnant sur le vaste désert. Ce village est dirigé par 17 frères. Au fil des ans, nous en sommes arrivés à bien les connaître. Nous avons également dormi quelquefois dans le désert, où ils nous ont cuisiné nos repas et chanté de vrais chants bédouins autour du feu. https://www.youtube.com/watch?v=-olywp9cPwI
L’Imam Sheik Abdul se rapproche Pour le solstice du 21 décembre 2012, nous avons créé un grand labyrinthe dans le désert, en bordure du village. https://www.youtube.com/watch?v=B1mFSHvOlZ8 A ce jour, il est complètement intact car il a été maintenu à merveille. A ce moment là, nous avions attiré l’attention de l’Imam Sheik Abdul. Nous avions remarqué qu’il nous observait attentivement, à distance. Il venait souvent à la tente le soir, lorsque nous chantions autour du feu pendant que l’on nous servait, dans des tout petits verres, un thé extrêmement sucré. Les bédouins chantent leurs chants avec des percussions et d’autres instruments et nous répondons à notre tour avec nos mantras et bhajans.
Invitation des femmes Au cours de notre visite pour notre retraite d’hiver l’année dernière (2015), nous avons reçu un message de l’Imam destiné aux femmes de notre groupe, les invitant à se rendre dans sa demeure, pour y rencontrer les femmes de sa tribu. Une rencontre de femmes, surgissant d’une façon si appropriée en synchronicité avec les « Affaires de femmes » que nous écoutions à ce moment-là (les conversations entre Hannah Rachel Bell et ShantiMayi). Nous avions entendu dire qu’un Imam n’invite jamais personne chez lui. Quel geste ! Je sentis qu’il s’agissait de toute évidence d’une main tendue et nous répondîmes avec élégance à son invitation. Heureusement, nous avons une étudiante parmi nous qui parle couramment l’arabe, ce qui nous a permis d’avoir des échanges vraiment intéressants avec les femmes. De l’intérieur de leurs robes et voiles noirs, les questions qu’elles nous ont posées étaient étonnamment ouvertes et libres, tandis que certaines d’entre elles donnaient le sein à leur bébé d’une façon tout-à-fait naturelle. Des questions sur les affaires de femmes. Quelques-unes d’entre nous ont joué dehors avec une vingtaine d’enfants. L’Imam, seul homme présent, servait le thé et le gâteau aux femmes. Quel heureux auspice !
En janvier 2016, c’est notre tour Cette année, à notre tour, nous avons invité les femmes à venir à la tente bédouine pour un repas abondant. Elles sont venues à 25 environ, avec leurs enfants, l’une derrière l’autre, voilées de la tête aux pieds, ne laissant transparaître que leurs yeux. Dès qu’elles entrèrent dans la tente, elles enlevèrent leur voile. Des femmes parmi les femmes. Nous avions cuisiné une grande variété de mets pour elles, nous avions également apporté des biscuits hollandais, que nous avions disposés sur de grandes assiettes. Elles se servirent librement et en un rien de temps, toute la nourriture disparut. Elles l’avaient prise sans avoir à être encouragées à se servir. Certaines ont soulevé leur robe pour jouer au ballon, d’autres ont chanté et dansé. La place qui m’avait été attribuée se trouvait près de la mère du Sheik. De temps en temps, elle touchait mon genou en signe d’appréciation. Nous n’avons pas fait de photos de cette rencontre, afin d’honorer leur culture.
Pas de femmes dans la mosquée Dans l’une des conversations que j’avais eues auparavant avec le Sheik, j’avais demandé à venir à la mosquée pour assister aux prières du vendredi. Il répondit que dans sa mosquée, il n’y avait pas de place pour les femmes. La mosquée était trop petite pour contenir un espace réservé aux femmes. Il a dû entendre mon esprit ahuri. Qu’est-ce-que cela doit signifier, pour les femmes, d’être complètement laissées à part, pendant les prières à la mosquée ? A ce moment-là, je n’ai pas approfondi la conversation. J’ai pris cela comme un fait.
Un Satsangh avec l’Imam Sheik Abdul exclusivement pour les femmes J’ai été immensément touchée lorsque le Sheik proposa d’avoir une rencontre de femmes après notre dîner. Nous nous sommes réunies pour cela dans le hall de Satsangh. Il prit place sur l’asan, je m’assis sur une chaise à ses côtés. Les femmes bédouines vinrent à nouveau entièrement voilées, à l’exception de sa femme et de sa mère. Les femmes occidentales, moi compris, portaient toutes un foulard sur leurs cheveux. C’était sans aucun doute la première fois qu’il s’adressait à des femmes. Historique ! Il prit la parole et parla des fondements de l’Islam, l’Amour infini omniprésent. Il parla d’honorer les femmes au plus haut point :
« Un homme demanda au Prophète : « Ô Messager de Dieu, qui est la personne qui a le plus droit à ma bienveillante compagnie ? » Le Prophète répondit : « Ta mère. » L’homme demanda à nouveau : « Et ensuite, après ma mère ? » Le Prophère répondit : « Ta mère. » L’homme demanda encore : « Et ensuite, après ma mère ? » Le Prophète répondit : « Ta mère. » L’homme demanda encore : « Et ensuite ? » « Ton père. »
Au beau milieu, l’Imam pleura, il pouvait à peine continuer à parler. Moi aussi, je sentis mon cœur déborder, en voyant se dissoudre les frontières créées par le mental, dans cette rencontre d’égal à égale, dans l’océan de la conscience. Silencieusement, nous nous prîmes dans les bras puis nous quittâmes, pour rejoindre chacun notre propre culture. Le Cœur sait.
Dans l’amour et la gratitude, Jivanjili
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